« Un plaisir et une prise de risque »
Difficile de dissocier l’œuvre de Christian Comelli à la personnalité forte de l’artiste. Dans son atelier de Gaillard, à l’abri de l’agitation du monde extérieur, le peintre travaille, explore, tâtonne et doute parfois sur le chemin l’abstraction. « Un tableau réussi souvent est un tableau où l’on ne perçoit pas la contrainte », explique le peintre.
Les préoccupations artistiques qui l’animent aujourd’hui sont liées au travail de la matière, de l’opacité et de la lumière, et des points de force et de fuite. Une évolution dans un travail, commencé il y a une vingtaine d’années, que le peintre du non-figuratif qualifie de détails, toutefois toujours symboliques. Ses recherches se font toujours lus radicales, plus précises pour obtenir la quintessence d’une pensée transmise au geste et restituée à l’œil. Pour aboutir à « l’émotion peinte ».
Ombres et lumières
La toile ou le papier sont avilis, poncés, jusqu’à obtenir un matériau enrichi, rugueux au toucher, qui devient le support et le champ d’une exploration informelle. Si dominent dans la plupart de ses œuvres des tons sourds et sombres, les ombres et lumières jaillissent en gerbes spontanées qui donnent une dimension structurée à l’œuvre. La couleur y est omniprésente. Pourtant « on ne me classe pas dans les coloriste parce qu’ils sont associés à une palette optimiste ».
Une confusion des genres et une volonté d’aujourd’hui de tout étiqueter et de tout analyser que le peintre relativise avec humour. Parce que s’il fallait écrire pour tout dire et tout expliquer, il aurait opté pour le verbe. Mais il peint. « Aux certitudes, dit-il, je préfère les terrains mouvants, à dimensions flottantes certes, mais plus fertiles ».
Là, dans son environnement familier, l’artiste livre sa réflexion sur l’évolution de son travail et son statut d’artiste peintre. Ses œuvres sont ici livrées au regard, sans mise en scène, ni mise en perspective particulière. « Ouvrir son atelier, sommet du repli, aux autres est une démarche qui n’est pas facile, confie-t-il. Par expérience, j’ai constaté que les gens n’étaient pas toujours séduits par ce qu’il leur était donné à voir. Il y a, ici peut-être cette impression d’images gratuites. Contrairement à un lieu d’exposition où les œuvres sont valorisées par des jeux de mise en espace et de lumière. Mais ces portes ouvertes offrent la possibilité d’une prise de contact nécessaire avec les autres, un moment d’échanges et de plaisir partagé. Non sans prise de risque ».
Les toiles encombrent de toute part l’atelier et donnent la possibilité d’embrasser en un moment privilégié les travaux les plus récents du peintre. Une expérience heureuse et riche, à ne pas manquer.
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